il est en tous cas plus facile d'être relativement neutre en présentant toutes les religions à partir de critères communs, que de le faire dans une école (par exemple) catholique ou islamiste, où les autres religions sont d'office diabolisées, non ?
Mes enfants ont fait leurs humanité dans une école ultra catholique, mais où les autres religions ont été présentées avec respect: j'avais beaucoup apprécié.
- JR a écrit:
- C'est un exercice difficile que d'aborder le thème de la laïcité à l'école car n'est elle pas elle-même une influence qui tend à relativiser les religions ?
Bien spur, et c'est le but. Pour le moment, il y a encore des pressions sociales pour que les enfants adoptent la religion de leurs parents, surtout dans certains miliaux. Ces élèves là sont déjà en porte à faux par rapport à ce qu'ils entendent à l'école. Ils vivent donc dans la contradiction, ils sont tiraillés entre l'amour pour leur famille, et la raison qui les pousse peut-être dans une autre direction.
Ils ne sont pas libres de choisir leur croyance. En Islam, les apostats sont rejetés de leur société: c'est inadmissible. C'est contraire à la liberté de religion.
Une école laïque est donc un lieu de paix et d'ouverture. Les religions y sont moins diabolisées que dans les écoles à tendance confessionnelles ou même dans les familles.
Et si beaucoup d'enfants quittent la religion à cause de cette éducation, je dirait : tant mieux ! En général, c'est une religion étouffante et rétrograde qu'ils fuiront. Cela ne les empêchera pas, comme beaucoup, de continuer à chercher un sens à leur vie, et de finalement trouver leur voie dans une religion ou ailleurs. Cela peut même signifier une nouvelle ère pour les religions, qui seront forcée de laisser tomber leurs vieilles valises accumulées au cours des siècles, de se purifier et de se concentrer surtout sur la démarche intérieure, plutôt que les rites et marques extérieures.
On peut le retourner dans tous les sens, je ne vois pas d'autre garantie pour la liberté de religion, que la laïcité de l'Etat.
Je vois, en lisant les interventions ailleurs sur ce sujet, que beaucoup confondent encore "laïcité de l'Etat" (= séparation des pouvoirs) avec "tentative conscient de détruire toutes les religions". Le communisme a été violent dans ce sens, mais la séparation des pouvoirs, ça n'à rien à voir.
Je lis aussi que beaucoup regrettent qu'on change le nom des vacances... et alors ? Ils oublient que tous les non-catholiques
pourraient être dérangés par ces appellations religieuses qui n'ont aucun sens pour eux. Quelles sont les valeurs profondes des religions ? Le nom d'un congé de "l'Ascension", ou l'amour du prochain ??? C'est donc une belle occasion de revoir son échelle des valeurs, et d'accepter l'évolution de la société qui devient multiculturelle, qu'on le veuille, ou non.
Un musulman (qui respecte les lois laïques) doit se sentir aussi bien ici qu'un athée, un chrétien ou un Hare Krishna... Tous sont égaux devant la loi. Pas de discrimination.
Ce ne sera pas parfait ? Et alors, rien ne l'est. Ce qui compte, c'est de progresser dans le bon sens: ouverture, tolérance, harmonie, etc...
Actuellement, ce n'est pas l'harmonie qui règne entre les religions, mais une guerre entre intégrismes croissants: donc il est temps de faire basculer l'aiguillage...