Je ne sais pas si les Irlandais avaient adopté le Father Christmas anglais, celui qui est habillé en vert.
Father Christmas (Sir Christmas, Lord Christmas) n'est rien d'autre, au départ que la personnification de Noël et de ses réjouissances. Quand les puritains ont voulu supprimer Noël, parce que trop papiste (ça remonte au XVIIe siècle) les pamphlétaires royalistes se sont mis à parler du Old Father Christmas, symbole du bon vieux temps.
Après la restauration en 1660 sa figure décline, même si on la retrouve dans certaines farces. Il faut attendre l'époque victorienne pour que ressurgisse la figure qui incarne les festivités de Noël qui deviennent alors une célébration familiale.
On n'en est pas encore à la figure distributrice de cadeaux.
Au moyen-âge, sur le continent, on voit un messire Noël ou un vieux Noël, un vieillard qui rend visite à Jésus dans la crèche ou qui s'invite chez les gens.
Ce n'est pas la figure qui distribue des cadeaux mais quelqu'un qui s'invite et à qui il faut donner quelque chose.
Les personnages distributeurs comme Saint Nicolas au début de sa carrière, ont une double face. Ils récompensent les enfants sages mais ils punissent aussi les vilains. Dans certaines régions, Saint Nicolas peut avoir un côté ogre.
Certains prétendent que Saint Nicolas n'est qu'une forme christianisée d'Odin. Il monte un cheval blanc (en tout cas au Pays-Bas) et récompense les enfants sages.
Nous connaissons le Père Fouettard dans nos régions. Aux Pays-Bas, ce sont les Zwarte Piet, les Pierre le Noir, des serviteurs qui peuvent punir les vilains garnements mais aident surtout le grand Saint dans sa tournée.
En Autriche, le grand Saint est accompagné des Krampus, des figures démoniaques couvertes de peaux de bêtes, portant un masque effrayant et une paire de cornes.
Quand Saint Nicolas disparaît du paysage à cause de la Réformation, c'est Christkindel, l'enfant Jésus qui le remplace en Alsace. Il est représenté par une jeune fille, sans doute une réminiscence de Ste Lucie, portant une couronne hérissée de bougies et accompagnée de Hans Trapp, le père fouettard local.
Le même fouettard s'appelle Knecht Ruprecht en Allemagne.
Au XIXe siècle, on va retrouver d'autres personnages distributeurs qui incarnent ce moment de l'année : Père Chalande (calendes) en Savoie, Père Janvier (distributeur d'étrennes) en Bourgogne et Barbassionné en Normandie.
Le même Barbassionné est en fait un diablotin barbu que l'on exorcise dans des chansons en patois. Le voilà reconverti en vieux barbu distributeur de cadeaux.
Avant même que notre évêque épiscopalien américain écrive son poème qui va populariser le Santa Claus américain, la petite Aurore Dupin guette dans cette première décade du XIXe siècle, la venue d'un vieux barbu qui déposera une orange dans son soulier : le petit père Noël.
- Citation :
- D'après la Base historique du vocabulaire français , le premier emploi attesté de la locution nominale père Noël se trouve dans le numéro de La Revue comique à l'usage des gens sérieux paru le 23 décembre 1848 :
« – Pan ! pan !
– Qui est là ?
– Le vieux père Noël de 1848.
– Farceur !
– Il n'y a pas de farceur ; je suis réellement le père Noël qui vient vous rendre visite. Ouvrez, je meurs de froid.
– Entrez, alors ; mais, à vrai dire, je ne vous attendais guère. Pourquoi n'êtes-vous pas tombé chez moi par la cheminée, selon l'usage ? »
Le Trésor de la langue française informatisé retient comme premier emploi significatif de père Noël celui qu'en fait l'écrivaine George Sand dans son Histoire de ma vie, parue en 1855 :
« Ce que je n'ai pas oublié, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche, qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouvais à mon réveil. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8re_No%C3%ABl
La bûche, la vraie, celle en bois, celle qu'on a l'usage de consumer dans la cheminée peut renfermer des noix ou des châtaignes qui feront le régal des petits enfants.
Quand est-ce que ce bonhomme Noël, ou père Noël fait son apparition en France, comment a-t-il traversé les siècles du moyen-âge au XIXe siècle ? Si je deviens multimillionnaire un jour, j'engagerai un historien pour faire une étude à ce propos !
Le mot Weihnachtsmann allemand est mentionné pour la première fois à la fin du XVIIIe siècle.
http://german.stackexchange.com/questions/8901/woher-stammt-der-weihnachtsmann
Sans doute le personnage vivait-il bien avant qu'on ne le mentionne dans la littérature.
Ces vieux pères noëls-là ne sont pas richement vêtus, ils ressemblent plutôt à des moines vêtus de bure et certaines représentations me font davantage penser à un père fouettard qu'à un Saint Nicolas.
Alors sont-ce les diablotins apprivoisés par le grand Saint et qui ont emboîté le pas au petit Jésus qui ont inspiré les premiers pères noëls porteurs de présents européens ?
Au pays basque, il n'y a pas de Père noël mais un homme sauvage, un charbonnier, qui descend de ses montagnes pour squatter les maisons. Il est sale et glouton. Il est plutôt du genre à effrayer les enfants : Olentzero Il annonce le solstice d'hiver.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Olentzero